Jean Baptiste Rousseau, dit le Grand Rousseau selon Palissot,

est considéré pendant le XVIII siècle le plus grand poète lyrique français, auteur intarissable d’épigrammes, créateur de la cantate française, dont Circé est le chef-d’œuvre, a été source des plusieurs compositeurs tout au long du XVIIIème siècle. 

Despréaux, pourtant si peu prodigue en éloges, le prit sous sa protection et le guida par ses conseils, en voyant en lui le seul capable à perpétuer le grand style poétique français. Ainsi sa pureté de langage, son élévation de l’esprit, sa maitrise de la versification en font l’auteur d’une œuvre remarquablement achevée. 

Il a écrit les plus belles odes du XVIII siècle, et je dirais même parmi les plus belles en langue française, source d’inspiration compositeurs . 

Nicolas Pancrace Royer, qui par ordre du Dauphin de France, a mit l’Ode à La Fortune, en musique, composa du coup un chef-d’œuvre tant musical que politique ; il s’agit bien de la première œuvre musicale d’engagement politique de l’histoire européenne. L’ode, manuel pour devenir bon et juste prince , fut chantée par le Dauphin lui même en la présence de la famille royale.

Il nous paraît difficilement concevable qu’une telle admonestation de la part du jeune prince envers son père Louis XV, ne soit autre chose qu’un acte politique. 

Lorsque la neuvième strophe arrive,
c’est un retentissement, en circonstance, d’une violence inouïe. Il ne faut point oublier qu’au moment de la création de cette œuvre le roi est considéré comme un luxurieux qui sacrifie son devoir à son intempérance :

Quel est donc le héros solide ,
Dont la gloire ne soit qu’a lui ?
C’est un roi que l’équité guide ,
Et dont les vertus sont l’appuis ;
Qui , prenant Titus pour modèle ,
Du bonheur d’un peuple fidèle Fait le plus cher de ses souhaits ;
Qui fuit la basse flatterie ;
Et qui , père de sa partie ,
Compte ses jours par ses bienfaits.

Il est à craindre que cette strophe soit bien plus circonstancielle de nos jours, qu’à l’époque de sa rédaction. 

Outre cet aspect politique, Royer livre une leçon magistrale de rhétorique tant par un découpage ingénieux du poème, que par ces récitatifs si finement conçues que depuis plus personne n’a pu dépasser ; je reviendrai plus tard sur la facture de cette œuvre. 

Jean-Baptiste Drouart de Bousset (1703–1760), composa huit des Odes Spirituelles de J.B. Rousseau dont nous présentons la seconde tirée du psaume XVIII intitulé Mouvement d’une âme qui s’éleve à la connoissance de Dieu par la contemplation de ses ouvrages. Elle est écrite pour dessus, basse chantante, basse de viole, et clavecin. Il règne une telle gravité de ton, qu’on peut difficilement concevoir qu’il s’agit d’une œuvre contemporaine du triomphe des opéra ballets etc.