André Jolivet - Œuvres pour piano vol.1
Pascal Gallet, piano Jolivet : L'œuvre pour piano vol.1
-Compositeur méconnu du Groupe Jeune France avec Daniel-Lesur, Yves Baudrier et Olivier Messiaen, Maguelone et Pascal Gallet enregistrent l'intégrale de la musique pour piano. Dans ce premier volume, on retrouvera Mana et Cosmogonie, mais aussi la Sarabande sur le nom d'Eric Satie, les Deux Mouvements, le Prélude Barbare…
Le présent volume constitue un premier itinéraire à travers l’œuvre pour piano seul d’André Jolivet, de ses tout premiers opus, écrits alors qu’il n’était encore qu’adolescent, à des pièces de la maturité, composées quelque vingt ans plus tard, telles que Mana ou Cosmogonie. Un tel ensemble, pour varié qu’il soit, n’en comporte pas moins une forte unité à placer non sous le signe de l’uniforme mais, comme dans toutes les œuvres riches, du complexe, parfois du paradoxal, en tout cas toujours de la tension : cette dernière constitue un élément central de l’esthétique du compositeur, et on en trouve l’origine dans la personnalité même de Jolivet, à la fois homme engagé, humaniste de gauche tout nourri d’idéaux de fraternité, et compositeur exigeant toujours en quête d’innovation et de renouvellement. Car comment concilier accessibilité et avant-garde, comment écrire des œuvres compréhensibles pour le plus grand nombre, des œuvres capables d’assurer l’union, voire la communion de tous les hommes, sans pour autant renoncer à une exigence qui isola plus d’un compositeur de cet ami et frère public ? Car nul n’ignore le sort réservé aux plus radicaux des créateurs, surtout pas l’ami de Varèse, lequel, pendant la majeure partie de sa vie, traversa ce « désert » qu’est la solitude propre au génie méconnu…
Une telle tension, si fondamentalement ancrée dans la personne du compositeur, transparaît dans sa production au point de véritablement la fédérer : ainsi, les pièces de ce volume illustrent tour à tour différents équilibrages de cette double postulation, selon qu’elles relèvent plus ou moins de genres ou de formes connues par les auditeurs, tels que le tango ou la rumba, alors aisément intégrables dans son paysage sonore, ou qu’elles s’écartent de telles déterminations, comme il en va dans Cosmogonie ou Mana. Mais cette tension informe aussi chacune des œuvres en particulier, les « œuvres de genre » se trouvant transcendées par des traits stylistiques propres au compositeur, de même que les œuvres plus éloignées des attentes de l’auditeur, plus radicalement nouvelles, comporteront des éléments propres à lui rendre l’œuvre familière et à assurer son adhésion.